16.3.20

Parkinson et COVID

Suite à une série de tweets sur le la prise en charge des patients parkinsoniens atteints de COVID, voici une version blog avec un lien PDF




DISCUSSION DE LIMITATION THERAPEUTIQUE

En cas d’infection, les patients parkinsoniens peuvent présenter une décompensation de leur pathologie. Si la maladie classique se manifeste par des tremblements, une rigidité, et un ralentissement auxquels s’associent des troubles cognitifs et une dysautonomie, en cas de décompensation la rigidité, les troubles cognitifs et la dysautonomie peuvent être au premier plan. En raison de la totale réversibilité de cet état avec l’adaptation des doses de Dopa, deux messages sont à faire passer aux patients et aux soignants :

Un patient valide et autonome peut paraître dément et grabataire en cas de décompensation. D'où la règle :
TOUT PATIENT PARKINSONIEN GRABATAIRE ET DÉMENT NE L’EST QUE SI IL LE RESTE APRÈS UNE SUPPLÉMENTATION MASSIVE EN DOPA 

En raison des troubles moteurs gênant la déglutition, de la diminution de la motricité gastrique et de la dysautonomie, la résorption digestive de la Dopa peut devenir erratique. D’où la deuxième règle :
TOUT PATIENT PARKINSONIEN DÉCOMPENSÉ RÉFRACTAIRE AU TRAITEMENT NE L’EST QUE SI IL LE RESTE APRÈS PLUSIEURS ADMINISTRATION D’APOMORPHINE


INFECTION SIMPLE

Afin de prévenir les décompensation sévères, en plus des mesures de confinement et de protection recommandées pour toutes la population, il est possible de prescrire pour les patients qui pourraient avoir des difficultés à contacter leur neurologue, un traitement de secours à n’utiliser que si besoin.

1- LEVODOPA / BENSERAZIDE - MODOPAR 125 (100 mg / 25 mg) DISPERSIBLE QSP 6 PRISES / j
2- APOMORPHINE - APOKINON 30mg/3ml (1%) sol. injectable en stylo prérempli QSP 18 mg / j

Cet kit ne doit être utilisé qu’en complément du traitement habituel et uniquement en cas de symptôme d’infection. Dès les premier signes :

Adjoindre au traitement habituel ¼ de comprimé de MODOPAR dispersible. Posologie à augmenter par paliers de ¼ de comprimés jusqu’à un retour à la disparition des signes de décompensation, et ceux jusqu’à l’arrêt de l’infection.

En cas de perte d'efficacité, d’inefficacité ou de difficultés à prendre le MODOPAR, utiliser l’APOMORPHINE avec des injections de 1 mg SC toutes les 20 minutes jusqu’à ce que la déglutition soit à nouveau possible pour permettre la prise de MODOPAR.



MESURES DE PRÉVENTION

Dans tous les cas, il est opportun de revoir avec les neurologues traitants l’opportunité de maintenir des traitements anti parkinsoniens qui reposeraient principalement sur les agonistes dopaminergiques. Leurs risques et leur difficulté de maniement en cas décompensation doivent balancer leur bénéfice dans cette situation de risque extrême.