25.1.14

A tale of Swords and Waves - Epilepto II




Voici la suite des fabuleuses aventures de l'épilepsie en terre du Milieu


Pour les retardataires, le 
CHAPITRE I 

C'était un soir brumeux. Il avait plu toute la journée et l'air restait humide et lourd. Le barde n'était pas d'humeur à noter les ambiances sonores. Il s'était réfugié dans la taverne qui venait juste d'ouvrir. Pour tout dire, la taverne s'était matérialisée (comme tout nouveau bâtiment), il y a une semaine mais, mais la grande flasque verte horizontale qui apparaissait au-dessus des bâtiments neufs avait mis une bonne semaine à se remplir. Peu importe, la nouvelle taverne était chaude, confortable, et la bière était tiède à point.

Avançons car je ne crois pas que le confort du barde vous intéresse. Pour passer le temps, le barde sortit de sa besace les parchemins sur lesquels il avait noté d'autres ambiances sonores. Il les plaça devant lui, sur une grande table.



Il y avait la notation qu'il avait fait alors qu'un guetteur en était à six jours de guets. Il était fatigué et son débit de paroles s'en ressentait : il décrivait entre quatre et sept choses par secondes.



Le barde étant observateur, il remarqua que la notation qu'il avait faite alors qu'un jeune guetteur de moins de dix ans prenait pour la première fois le poste était très proche. Cela n'avait rien à voir avec la fatigue, mais plutôt avec l'inexpérience. Le jeune ne réussissait pas toujours à maintenir la cadence de plus de huit mots à la minute au repos, et ne dépassait pas les sept mots. Comme le lui avait dit un vieux :"plus ils sont jeunes, moins ils y arrivent : un enfant de cinq y parvient 5/10 èmes du temps, un enfant de 7 ans, 7/10 èmes, et ce n'est qu'à partir de 10 ans qu'ils ont l'expérience d'un adulte".



Le barde remarque également,que sous l'emprise des potions qui font dormir, ou de la bière chaude, le rythme pouvait soit diminuer, à cause de la fatigue et de la voix pâteuse, soit, paradoxalement s'accélérer. Il connaissait ce phénomène : quand jeune, soûl, il rentrait chez lui à cheval au lieu de rester sur place, et pour ne pas s'endormir aux rênes et risquer l'accident, il chantait vite pour se maintenir réveillé.



Dans un coin de la table le barde avait également placé des parchemins plus anciens. Ils étaient enroulés sur eux-mêmes et maintenus ensemble par un ruban sur lequel était inscrit le mot : maladies. Il les saisit et les déplia par-dessus les autres. Ces parchemins venaient de sa bibliothèque. Ils correspondaient aux retranscriptions faites par son maître lors de diverses épidémies et maux et tout genre.

Ils avaient tout le même aspect : le rythme d'énonciation était particulièrement lent, toujours inférieur à quatre éléments par secondes. Le plus long parchemin intitulé "mort" commençait par un rythme lent à deux éléments par secondes, puis un, puis un élément de temps en temps séparé par du silence et enfin plus que le silence. Le barde avait, en le lisant, l'impression de voir le guetteur, malgré probablement une maladie, essayer de continuer sa tâche en disant : " un cailll-ouux, uuunnnn auuttreee, ... , uuuunnne pierre... , ... , un caille..., ..., ..., ..........".



Chacun de ces parchemins comportaient un titre : morsure de serpent (herpès), germes, toxique, blessure, manque d'air, sang, etc... .

Laissons le barde à ses tristes contemplations et résumons-nous :

Dans le premier chapitre, nous avons vu que les rythmes de fonds normaux sont de 8 Hz oscillants au repos les yeux fermés dans les régions occipitales et supérieurs à 11 Hz lors de la veille les yeux ouverts.

Dans ce deuxième chapitre, on vient de voir qu'il existe d'autres rythmes de fonds :

  • Le rythme entre 4 et 8 Hz, qui traduit une somnolence physiologique (on a dit somnolence, pas sommeil), ou une somnolence iatrogène, toxique, lésionnelle etc..., mais qui dans tous les cas reste un rythme généré par des neurones structurellement intacts. C'est également un des rythmes de fond physiologiques chez les enfants de moins de dix ans, avec comme condition que sur une période donnée, le rythme adulte (supérieur à 8 Hz), représente en pourcentage de temps, une période égale a celle de l'âge de l'enfant multiplié mar dix. Vous n'avez rien compris ? Alors je simplifie : un enfant de 5 ans doit avoir au moins 50 % de rythme de fond supérieur à 8 Hz, un enfant de 7 ans, 70%, et au delà de 10 ans, un rythme inférieur à 8 Hz n'est plus physiologique.
  • Le rythme de repos supérieur à 11 Hz. C'est un rythme qui traduit soit l'absence de repos même au repos (sujet anxieux, agité, etc...), soit, un sujet sous sédatifs légers (en général benzodiazpines ou alcool), dont, en caricaturant, les neurones doivent travailler plus pour maintenir une vigilance à peine normale.
  • Le rythme inférieur à 4 Hz, toujours pathologique, qui traduit souvent une atteinte de l'intégrité des neurones. Se voit dans les atteintes infectieuses dont l'herpès, mais aussi les encéphalites, les tumeurs, les AVC, les hémorragies, les maladies à PRION etc... .
Pour simplifier la communication entre neurologues, ces rythmes ont chacun un nom :


  • le rythme oscillant à 8 Hz, c'est le rythme ALPHA.
  • le rapide, au delà de 11 Hz, c'est le BETA, mais pour le coup personne n'utilise ce terme et on parle simplement de rythmes rapides.
  • le lent entre 4 Hz et 8 Hz, c'est le rythme THÊTA. Un enfant a donc physiologiquement du THÊTA jusqu'à 10 ans.
  • le très lent, en dessous de 4 Hz, c'est le DELTA.
Avec tout ça, on vient de terminer les rythmes de fond. En pratique retenez qu'un compte-rendu d'EEG sur lequel apparaît le terme de rythme DELTA est très mauvais. Qu'un rythme THÊTA cache toujours quelque chose sauf chez l'enfant. Et que, dans certaines limites, un EEG peut mettre en évidence un alcoolisme chronique ou une prise chronique de BZD.


La suite... ci dessous



Si vous voulez en savoir plus, cet article fait partie de la collection suivante :
L’épilepsie et troubles apparentés 

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