8.6.21

dépression et heure d'endormissement

Vos parents vous disaient d'aller de vous coucher tôt .
Avaient-ils raison ?
Est-ce une façon d'éviter une dépression.


Voilà un truc rigolo sur : DÉPRESSION, HEURE DU COUCHER ET COMMENT AMÉLIORER LES CHOSES ! 

Mais tout d'abord, commençons par inventorier les clichés.

Tout le monde connaît l'image de l'âme en peine qui se couche tard à cause de ses angoisses et traîne sa fatigue matinale. 

Tout le monde connaît aussi les expressions comme "l'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt" ou les slogans politiques sur la "France qui se lève tôt". 

Pourtant on connaît aussi des gens qui se lèvent à 4h du matin pour aller bosser et dont on ne peut pas dire qu'ils incarnent la notion de bien-être triomphant, et des gens qui se couchent à 2h du matin en inspirant plus de jalousie que de pitié. 

Bref, depuis toujours il existe un lien entre heure du lever, heure du coucher, humeur, et regard de la société sur ces habitudes de vie.

Mais existe-t-il un lien réel ? Si oui lequel ? Et peut-on s'en servir ? 


Alors levons tout de suite le suspens, la réponse à la première et à la dernière question est OUI, et la réponse à la question du milieu est longue mais on va simplifier. 

Tout d'abord que sait on ?

  1. Que ceux qui se couchent tard ont deux fois plus de risque de faire une dépression que ceux qui se lèvent tôt, et ce quelle que soit la durée de sommeil. 
  2. Que les troubles de l'humeur (dépression ou état hypomane) modifient les heures de lever, de coucher, et la durée du sommeil.

Et que donc

  • il est difficile de savoir qui est la poule et qui est l'oeuf (j'aime bien cette version absurde de la célèbre expression) 

On sait aussi depuis une étude sur 32000 infirmiers et mières que celles et ceux qui se lèvent tôt ont 27% de risques en plus de développer une dépression dans les 4 ans que les lève-tard. 

Mais il manque une information importante : c'est quoi être lève-tôt ? 

Pour répondre à la question une équipe s'est penchée sur les données de 23 and Me (vous savez, la boîte qui séquence votre génome parce que vous trouvez ça drôle, puis qui revend vos données). Et plus particulièrement, ils se sont intéressés aux données génétiques de 850000 personnes (dont 85000 qui ont accepté de porter un tracker de sommeil pendant 7 jours) et 250000 questionnaires sur le sommeil. 

Et là ils ont fait des stats sympa.

Sur l'ensemble de leur échantillon, l'heure moyenne de lever était 6h, l'heure moyenne de coucher était 23h et le point de mi sommeil était 3h du matin. 

À part de là, en dépeçant leur échantillon ils ont découvert que pour chaque heure de décalage de l'heure de mi sommeil vers le soir (de 3h du matin à 2h du matin par exemple) les gens diminuaient leur risque de dépression de 23%. 

Mais le plus intéressant est que cet effet semble modifiable : une personne qui habituellement se couche à 1h, et qui se coucherait (pour de vrai, pas pour regarder Netflix) à 23h, pourrait diminuer son risque de dépression de 40%. 

Évidemment ça reste à confirmer sur de plus grandes études (sachant que 850000 c'est déjà une belle cohorte), mais pour rappel, 40% c'est égal voir supérieur à l'efficacité de pas mal d'antidépresseurs. 

Réf : Daghlas - JAMA psychiatry du 26 mai.